Les appareils numériques peuvent être bien pratiques. Cependant, à petit et grande échelle, les écrans ont aussi des conséquences désastreuses sur nos existences. Des plus connues aux plus insoupçonnables, les nuisances numériques doivent être connues pour être combattues.
Les écrans qui nous entourent semblent nous avoir fait gagner un temps fou ! Est-ce vraiment le cas ? C’est loin d’être évident.
Si les changements provoqués par le numérique ont parfois étaient positifs, cela n’a pas toujours était le cas. En effet, les bonnes et les mauvaises choses apportées par le digital étant intrinsèquement entremêlées, impossible de faire un choix pleinement satisfaisant.
Aujourd’hui, l’importance que les écrans ont pris a incontestablement dégradé en profondeur une part de notre quotidien. Ces effets indésirables sont toujours plus nombreux et multiformes. État des lieux.
Les nuisances numérique : état des lieux en construction
Santé physique
L’usage irraisoné des écrans peut avoir des effets nocifs sur la santé physique.
L’usage déraisonnable de nos appareils numériques peut être à l’origine de douleurs et déclencher des troubles musculo-squelettiques (TMS) qui affectent les tendons et muscles dans la région lombaire, de la nuque, des épaules, des poignets et des mains. 5 % des TMS en France seraient dus au travail sur écran.
Le “text neck” est une des TMS les plus fréquente chez les usagers numériques. Cette expression désigne les douleurs qui apparaissent au niveau des cervicales suite à l’usage des smartphones, tablettes numériques et autres écrans d’ordinateurs.
Selon une étude du National Institutes of Health (NIH), une surconsommation d’écran peut faciliter l’apparition de problèmes de perte de poids, de surpoids ou d’obésité. En cause notamment, l’exposition à la lumière artificielle la nuit qui peut altérer différents processus biologiques.
Il existe une corrélation entre usage intensif des écrans et sédentarité. Celle-ci nuit à la santé et à l’espérance de vie et un manque d’activité physique qui augmente significativement les risque de maladies cardio-vasculaires.
L’immense risque de ce début de XXIe siècle, qui vaut pour les hommes et les femmes, mais encore plus semble-t-il pour les femmes, c’est cette sédentarisation par le biais d’une communication qui est de plus en plus immobilisatrice.
Jean Francois Toussaint, professeur de physiologie et directeur de l’Irmes.
La surexposition aux éclairages artificiels des appareils numériques peut avoir des conséquences délétères à court et long terme.
Dans son expertise de 2019, l’ANSES attire l’attention sur les dangers de ces lumières bleue et met en lumière deux types d’effets néfastes sur la rétine :
- Effets phototoxiques à court terme liés à une exposition aiguë.
- Effets à long terme liés à une exposition chronique, qui augmentent le risque de survenue d’une dégénérescence maculaire liée à l’âge.
L’ANSES alerte tout particulièrement sur la plus forte vulnérabilité des enfants et des jeunes dont les yeux ne filtrent pas complètement la lumière bleue.
Sommeil
L’impact négatif des écrans sur le sommeil est aujourd’hui bien établi.
La lumière bleue perturbe l’horloge biologique et par cela même le sommeil. Elle active des photorécepteurs situés dans la rétine, ce qui empêche la synthèse de la mélatonine, “hormone de l’horloge biologique”.
La lumière bleue émise par les écrans contribue à bloquer la production de mélatonine et favorise ainsi l’éveil, même à des niveaux faibles d’exposition.
La lecture sur un iPad dans les heures précédant le coucher, par rapport à la lecture du même livre sur papier, est corrélé à un changement de 90 minutes des rythmes circadiens et supprime les niveaux de l’hormone favorisant le sommeil, la mélatonine.
Chang, Aeschbach, Duffy et Czeisler, 015. Actes de la National Academy of Scientists
Le simple fait de porter des lunettes « anti-lumière bleue » tout en continuant à utiliser écrans ou tablettes permettait d’augmenter de 58% les niveaux de mélatonine des participants.
Ostrin, Abbott er Queener, Attenuation of short wavelengths alters sleep and the ipRGC pupil response
L’exposition aux écrans avant le coucher peut provoquer des troubles du sommeil dû au temps passé sur les écrans qui empiète sur celui du sommeil, ce qui peut à terme dérégler le rythme biologique et causer épuisement et fatigue chronique.
Notre sommeil est de plus en plus court : nous dormons 6h42 en moyenne soit 1h30 de moins qu’il y a 50 ans.
Les assauts contre le temps de sommeil se sont intensifiés au cours du XXe siècle. L’adulte américain moyen dort aujourd’hui environ six heures et demie par nuit, soit une érosion importante par rapport à la génération précédente, qui dormait en moyenne huit heures, sans parler du début du XXe siècle où – même si cela paraît invraisemblable –cette durée était de dix heures.
Jonathan Crary, 24/7: Le capitalisme à l’assaut du sommeil, 2013
L’exposition aux écrans avant et pendant le coucher réduit la qualité et la durée du sommeil:
Une revue systématique et une méta-analyse de 20 études ont montré des preuves solides et cohérentes d’une association entre l’accès au coucher avec l’utilisation des appareils et la réduction de la quantité et de la qualité du sommeil, ainsi qu’une augmentation de la somnolence diurne.
Carter, Rees et Hale, 2016, Journal de l’American Medical Association : Pediatrics
Santé mentale
Une surexposition aux écrans peut entraîner des risques pour le cerveau.
Les notifications constantes et les contenus ciblés des interfaces numériques ont été conçues pour nous maintenir le plus possibles dessus et pèsent lourdement sur notre attention.
De même que les drogues sont devenues plus puissantes au fil du temps, le plaisir par lequel les fabricants récompense certains de nos comportements s’est accru. Les designers sont de plus en plus malins. Ils savent appuyer exactement où il faut pour nous encourager à utiliser leurs produits non pas une seule fois mais encore et encore.
Adam Alter, Irresistible: The Rise of Addictive Technology and the Business of Keeping Us Hooked, 2017
Une activité numérique multitâches peut causer des troubles de l’attention qui peuvent générer des difficultés à se focaliser sur une dimension particulière et une altération de la mémoire. A terme, c’est un risque non négligeable de connaître des troubles de l’humeur tels que l’anxiété, la dépression ou l’hyperactivité.
Jongler entre différents écrans rend les consommateurs moins aptes à filtrer les distractions – ils sont de plus en plus avides de nouveautés, ce qui offre davantage d’opportunités de pirater leurs attention.
Jonathan Crary, 24/7: Le capitalisme à l’assaut du sommeil, 2013
Une méta-analyse d’articles a révélé une corrélation négative entre le multitâche multimédia et la mémoire. Cette constatation est notable car la plupart des médias sociaux et des applications sont pris dans une course à notre attention, augmentant notre niveau de multitâche.
Uncapher et Wagner, 2018, Arthur M. Sackler, Colloque de la National Academy of Science
Surdéveloppement d’une attention réactive avec en contrepartie un défaut d’attention introspective. Lorsque nous consommons beaucoup d’écrans, nous sommes moins à l’écoute de nous-même.
Réduction des capacités cognitives provoquée par la présence d’un smartphone, même éteint, qui sape les ressources attentionnelles.
La présence d’un smartphone, même éteint, peut réduire la capacité cognitive en sapant les ressources attentionnelles qui résident au coeur de la capacité de la mémoire de travail et de l’intelligence fluide.
Ward, Duke, Greezy et Bos, 2017, Journal de l’Association for Consumer Research
La technologie provoque de véritables addictions (sens médical du terme). Celle-ci est notamment encouragée par les systèmes de récompenses aléatoires. Comme l’a découvert le psychologue Burrhus Skinner, plus la récompense est imprévisible, plus l’addiction grandit.
Chaque fois que vous consultez vos dernières publications Instagram ou que vous allez sur le site du New York Times pour voir s’il y a une nouvelle info, ce n’est même pas le contenu qui vous intéresse. Vous recherchez simplement quelque chose de nouveau et devenez accro à cette sensation.
Aziz Ansari, GQ Stlyle, 2017
Les plateformes numériques utilisent abondamment ce biais comportemental pour nous piéger et capter notre attention. On retrouve le même mécanisme dans les très rentables machines à sous des casinos. Les plateformes ont grand intérêts à ce que nous restions scotchés devant nos écrans. Plus nous restons longtemps, plus elles collectent de données et génèrent de profit.
Loin de faire naître la distance ou le découragement, l’incertitude produit une compulsion qui se transforme en addiction. L’appât du gain, même minuscule, empêche tout éloignement face au mécanisme. Comme la récompense est irrégulière, il est impossible, pour le sujet soumis à l’expérience, d’élaborer un comportement visant à maîtriser la machine.
Bruno Patino, La civilisation du poisson rouge: Petit traité sur le marché de l’attention, 2019
Estime de soi mise à mal par l’usage intensif des réseaux sociaux à force de comparaison permanente.
Les médecins ont inventé l’expression “dysmorphie Snapshat” pour décrire ce qui arrive aux personnes qui estiment ne pas être à la hauteur de leurs photos modifiées par les filtres des réseaux sociaux et qui demandent une chirurgie platique pour faire correspondre leur propre visage aux photos.
Broadly Staff, 2018, Vice, I Got Surgery to Look Like My Selfie Filters
Les circuits du cerveau sont peu à peu modifié par l’usage des appareils numérique.
Calme, concentré et fermé aux distractions, l’esprit linéaire est marginalisé par un esprit d’un nouveau type qui aspire à recevoir et à diffuser par brefs à-coups une information décousue et souvent redondante – plus c’est rapide, mieux c’est.
Nicholas Carr, Internet rend-il bête ?, 2010
Comme l’a montré Marshall MacLuhan, les médias (au sens de “moyen, technique et support de diffusion massive de l’information”) modèlent nos processus de pensée et fournissent le matériau même de celle-ci.
C’est l’essence de la sombre prophétie de Kubrick : à mesure que nous nous servons des ordinateurs comme intermédiaires de notre compréhension du monde, c’est notre propre intelligence qui devient semblable à l’intelligence artificielle.
Nicholas Carr, Internet rend-il bête ?, 2010
Découvrez l'envers du décor
Pathologies du numérique
Le Near Future Laboratory, petit groupe de travail qui mêle ethnographie et design fiction a observé les conséquences mentales découlant de l’emprise que les plateformes numériques ont sur certains d’entre nous. Le groupe a pu notamment identifier quatre fragilités que l’on retrouve souvent : l’assombrissement , l’athazagoraphobie, la schizophrénie de profil et le syndrome d’anxiété.
C’est le fait de chercher obsessionnellement des fragments de vie d’une ou plusieurs personnes sur internet. Les personnes touchées par cette monomanie ne sont pas capable d’avoir le recul nécessaire avec ces fragments. Chaque nouvelle trace de vie semble rendre la proie plus présente mais la réalité de son être s’éloigne. Peu à peu, le besoin de trouver de nouveaux fragment devient insatiable, impossible à satisfaire et peut plonger dans un état proche de la dépression.
C’est la peur d’être oublié. Les personnes touchées par cette fragilité éprouve le besoin constant de rappeler leur existence en partageant les résultats, souvent chiffrés, de chaque actions entreprises durant la journée. À ces pulsions s’ajoute l’angoisse de ne pas recevoir de réaction réfutant l’oubli craint.
C’est un trouble qui touche les personnes qui utilise différents profils sur les réseaux sociaux et autres sites de rencontre. Elles finissent par ne plus pouvoir différencier les multiples identités de leur propre personnalité. Leurs différents masques finissent par s’entremêler et ils ne savent plus lequel choisir dans la vraie vie.
C’est la plus courante des pathologies observées. Il se caractérise par le besoin omniprésent d’exhiber les multiples épisodes de l’existence, sur l’ensemble des réseaux. Ce désir s’accompagne d’une angoisse de ne pas avoir partager le bon contenu et que celui-ci n’occasionne pas assez de réactions d’approbation. L’apaisement obtenu par un grand nombre de vues ou de likes est momentané et cède vite la place à l’angoisse de ne pas faire aussi bien la prochaine fois.
Sociabilité
La sociabilité numérique appauvrie les relations humaines, qu’elles soient en lignes ou hors-lignes.
Le temps qui nous a été volé est celui du manque, et donc du désir. Celui de l’amour, de l’autre et de l’absolu.
Bruno Patino, La civilisation du poisson rouge
Les échanges sont appauvris dans les conversations en ligne qui créent moins de liens émotionnels et comportent un risque plus élevé d’interprétation erronée.
Les gens surestiment leur capacité à interpréter correctement le sarcasme, l’humour ou la sincérité sur la communication textuelle, ce qui signifie que les gens ont tendance à croire qu’ils peuvent communiquer par e-mail plus efficacement qu’ils ne le peuvent réellement.
Kruger, Epley, Parker et Ng, 2005, Journal of Personality and Social Psycholog
Lorsqu’il s’engagent dans un débat, les gens sont plus susceptibles de comprendre des points de vue opposés lorsqu’ils utilisent leur voix humaine. Malheureusement, de nombreux réseaux sociaux sont conçues pour se concentrer sur le texte, ce qui réduit la connexion humaine lors des disputes.
Schroeder, Kardas et Epley, 2017, Psychological Science
La réduction des relations humaines hors-ligne nous déshabituent des émotions humaines dans la vraie vie et réduit notre empathie.
Les gens se parlent moins dans les lieux comme les bars, restaurants, boîtes de nuits ou lors de rencontres amicales ou familiales, à cause des smartphones. La simple présence d’un smartphone peut perturber la connexion entre deux personnes, ce qui a des effets négatifs sur la qualité de la conversation.
Même la simple présence d’un smartphone peut perturber la connexion entre deux personnes, ce qui a des effets négatifs sur la proximité et la qualité de la conversation.
Przybyliski et Weinstein, 2013, Journal of Social and Personal Relationships
Le système social basé sur les likes et les notes valorise la superficialité et génère beaucoup de solitude.
Les personnes qui utilisent compulsivement des applications de rencontres ont un taux élevé de solitude et préfère l’interaction sociale en ligne à l’interaction en personne. Cette utilisation compulsive entraine une augmentation de leur tristesse sociale et de leur solitude, créant un cercle vicieux auquel il est difficile d’échapper.
Coduto, Lee-Won et Baek, 2019, Journal of Social and Personal Relationships
Le bombardement de pseudo-réalités finit par produire des humains non authentiques, aussi faux que les données qui les entourent de toute part: Les fausses réalités vont créer de faux humains ; et les faux humains vont à leur tour produire des réalités à vendre à d’autres humains en les transformant à leur tour en faussaire. C’est juste une version élargie de Disneyland.
Philip K. Dick, auteur de science-fiction
Le social cooling (littéralement « refroidissement social ») est un phénomène d’autocensure conceptualisé par le chercheur hollandais Tijman Shep.
Pour se protéger contre la surveillance de masse, les usagers du numérique préfèrent plutôt être exemplaires plutôt que de protester face à la captation et l’exploitation des données personnelles.
Ne sachant jamais qui les observe sur Internet, ils privilégient la prise de risque minimale et le conformisme.
Tijman Shep a pu observer ce phénomène à partir 2013, suite à l’affaire Snowden.
Pour en savoir plus, n’hésitez-pas à visiter socialcooling.com
Éducation
Le développement de l’enfant peut-être sérieusement troublé par une surexposition aux écrans.
Troubles du développement neurologique des enfants liés à la surexposition aux écrans, notamment des troubles de l’attention, une prévalence de l’obésité, des retards de langage et une réduction des capacités de mémorisation.
Dieu seul sait ce que nous sommes en train de faire avec le cerveau de nos enfants.
Sean Parker, cofondateur de Napster et ancien cadre dirigeant de Facebook
Développement problématique des différentes formes d’empathie qui accompagnent le développement de l’enfant du fait de l’usage de certains jeux vidéos notamment ceux où l’on peut assaillir l’ennemi et lui faire du mal.
De nombreux leaders et parents de la Silicon Valley ne permettent pas à leurs propres enfants d’utiliser les produits qu’ils fabriquent – ce qui implique qu’ils sont au courant que les produits dont ils tirent autant d’argent présentent des risques, en particulier pour les jeunes utilisateurs. Certaines des meilleures écoles de la région minimisent la technologie en classe.
Steve Jobs, qui a été CEO d’Apple pendant de nombreuses années, a déclaré aux journalistes que ses enfants n’utilisaient pas d’iPad et qu’ils « limitaient la quantité de technologie que nos enfants utilisent à la maison. »
Un nombre important de parents de la Silicon Valley limitent fortement l’utilisation de la technologie à la maison, et certaines des meilleures écoles de la région minimisent la technologie en classe. Comme l’a dit un parent de 44 ans qui travaillait chez Google : « nous retardons cette échéance le plus longtemps possible. »
Éducation digitale
Vie professionnelle
L’hyperconnexion des salariés peut générer des troubles problématiques pour leurs santé et estomper les frontières entre vie personnelle et professionnelle.
Surcharge informationnelle que le salarié ne peut traiter ou supporter sans porter préjudice à lui-même ou à son activité.
Le multi-tâches réduit considérablement les performances, épuise et provoque des pertes de mémoire.
Notre esprit est incapable d’avoir deux pensée à la fois. Essayez donc de penser à deux choses exactement en même temps. Alors ? Est-ce possible ?
Haemin Sunim, moine boudhiste
Les capacités de prise de décision et de priorisation sont amoindries par l’abondance des données et des choix générant différents problèmes : indécision, simplification excessive et évitement du risque, surtout si l’information à traiter est complexe et le contexte changeant.
Capacités cognitives diminuées lorsque le smartphone est à portée qui peut altérer la disponibilité à l’autre et la qualité d’écoute. Les réunions perdent en efficacité et les relations interpersonnelles en sont affectées.
Distance entre les personnes et interaction simultanée limitées déclenchant ou exacerbant des conflits plus facilement, d’autant plus que l’utilisation du courrier électronique tend à réduire le temps social passé au sein d’un groupe de personnes.
Méconnaissance de la notion de droit à la déconnexion qui est apparue afin que chacun puisse limiter la surcharge d’informations et les risques associés.
Reprenez le contrôle
Démocratie
Les démocraties sont de plus en plus fragilisées et divisées par les logiques propres aux entreprises de nouvelles technologies.
Croire qu’une société cotée puisse « internaliser » le bien social dans ses choix stratégiques, et accepter, sans y être forcée, de freiner le développement de ses recettes pour améliorer le bien-être commun est un pari déraisonnable.
Bruno Patino, La civilisation du poisson rouge, 2019
Rupture de la vérité : il est devenu plus difficile que jamais de distinguer les faits de la fiction. Les réseaux sociaux peuvent prêter à confusion au moment même où les gens ont le plus besoin d’informations solides, car les plates-formes technologiques n’ont pas de raison commerciale claire d’évaluer la vérité.
Les résultats de recherche peuvent modifier les préférences de vote des électeurs indécis de 20% ou plus.
Epstein et Robertson, “2015, National Academy of Sciences Acts
Polarisation croissante de la société où l’on observe des divisions idéologiques plus fortes rendant le compromis et la coopération plus difficile. Ce phénomène s’explique notamment par les contenus ciblés que reçoivent les internautes et qui tendent à radicaliser les opinions de chacun.
Le désir d’être approuvé par ses pairs pousse à accentuer le côté extrême de ce qu’on affirme et poste sur les réseaux sociaux, l’outrance agissant comme un sauf-conduit dans le groupe déjà structuré.
Cass Sunstein, Going to Extreme, 2009
Manipulation politique qui créer de la discorde, la cyber-guerre étant beaucoup moins cher et plus efficace que l’action militaire.
Dans un examen en 2019, sur plus de deux millions de recommandations Youtube, l’algorithme a systématiquement recommandé des vidéos plus radicales aux personnes qui ont commencé à regarder des vidéos politiques. Les mêmes chercheurs ont examiné /) millions de commentaires à travers des vidéos et ont constaté que ce “pipeline de radicalisation” déplace effectivement les gens vers des communautés de commentaires de plus en plus extrêmes.
Ribeiro, Ottoni, West, Almeida et Meira, 2019, Computers and Society
Impact écologique
L’impact écologique du numérique est largement sous-estimé alors qu’il est conséquent.
22kg de produits chimiques, 240kg de combustibles et 1,5t d’eau sont nécessaires pour fabriquer un ordinateur.
Un smartphone, c’est du cuivre, du cobalt, du tantale, de l’or, des produits chimiques pour extraire ces métaux, des bas salaires, du pétrole pour fabriquer les antennes-relais et faire rouler les camions jusqu’aux magasins high-tech qui nous vendront… de l’immatériel.
Karine Mauvilly, , Marianne, 2019
Épuisement de ressources naturelles non renouvelables destinées à être transformées en composants électroniques. Le commerce de ces ressources naturelles, dont l’extraction est très polluantes, financent et génèrent des conflits et des guerres civiles, notamment en Afrique.
En 2019, le numérique consomme 5,5% de l’électricité mondiale et génère 3,8% des gaz à effet de serre émis par l’humanité.
Les vidéos en ligne représentes 20 % du total des émissions de gaz à effet de serre dues au numérique.
C’est la première fois dans l’histoire de l’humanité que les décisions d’une poignée d’ingénieurs qui travaillent dans trois grosses entreprises ont autant d’impact sur la façon dont des millions de personnes à travers le monde focalisent leur attention.